Je ne ressens plus de plaisir à acheter des choses, c'est devenu une sorte de geste machinal qui rythme la vie de chacun. Il y a cinq dvd pour trente euros, six disques pour le même prix, et si tu achètes deux livres de la même marque tu peux en prendre un troisième gratuitement.
Je ne ressens plus de plaisir à faire semblant de parler à des gens à qui je n'accorde plus d'importance, comme si nous recolions les morceaux d'un souvenir que l'on voudrait faire revivre.
Je ne ressens plus de plaisir à manger de la pizza ou à prendre mcdo à emporter et le savourer sur la terrasse quand l'été approche et que le temps devient assez chaud et lourd pour ne pas ressortir les manteaux.
Je me couche tard car j'ai pris l'habitude de vivre un peu la nuit. C'est là où je me sens le moins seul, quand je sais que ceux qui me sont le plus proche se sont endormis et ne passent plus de ces moments extraordinaires desquels je ne fais pas parti.
Je trouve cela étrange la manie que j'ai de penser que lire est une perte de temps, et de me plaindre ensuite de m'ennuyer tellement que je n'ai rien trouvé d'autre à faire que de jouer à la xbox toute la journée.
J'aime ces moments où la musique me fait penser que je me retrouve subitement assimilé à un héros de film d'aventure et que la caméra se bloque sur moi, et uniquement sur moi. Quand le réalisateur se dit : "C'est un personnage intéressant", et que chaque pas devient un chef-d'oeuvre qu'il faut absolument voir.
Le propre d'un aventurier réside dans le fait que c'est l'aventure qui vient à lui, et non l'inverse. C'est cela qui le rend intéressant.
Alors je laisse tomber, je ne serai jamais un aventurier.
Alors je laisse tomber, je ne serai jamais intéressant.
Alors au fil de ces heures passées à chercher le "pourquoi" d'une solitude si soudaine et durable, je m'interroge sur tout, et c'est cela qui fait que je me revendique optimiste tout en étant certainement l'un des hommes les plus pessimiste de ces dix-huit dernières années.
Le moindre dialogue devient un instant que j'aimerai prolonger
Même ces regards dans le bus qui ne peuvent se détacher l'un de l'autre parce qu'on sait que cela sera probablement le seul instant que l'on vivra ensemble, restent gravés et placés dans la pile "souvenirs importants".
Je vais m'arrêter d'écrire maintenant car en relisant ce dernier texte, je me suis rendu compte que j'étais à la recherche de souvenirs et de rien d'autres. Je me fou du bonheur, je me fou de votre nouvelle voiture ou de la pluie qui tombera demain. Je veux juste vivre, et trouver quelqu'un à qui raconter . Je ne veux pas que l'on m'oublie, être l'absent des retrouvailles d'anciennes classes de lycée, celui que l'on montre du doigt sur la photo en essayant de se remémorer son nom, et qu'on fini par sauter car il nécessitait un effort de mémoire trop important.
Sur ce, au revoir, chère loutre.